Journée Mondiale de l’Environnement

Par Dr. Sidi Menad Si Ahmed (Président d’honneur de l’association « Democratic Algeria »)

Le 05 Juin a été déclaré par les Nations Unies journée mondiale pour l’environnement. Il ne s’agit pas seulement d’une célébration annuelle de la protection de l’environnement à travers le monde mais bien plus de rappeler avec insistance les dangers qui menacent notre planète et ils sont nombreux mais aussi d’insister sur les mesures de sauvegarde de ce qui est notre bien commun.C’est également une piqûre de rappel à tous les dirigeants de notre planète des devoirs incontournables de protéger chacun dans son pays son patrimoine naturel , la santé de ses populations et surtout de respecter toutes les conventions et traités internationaux qu’ils ont ratifiés.

Alors qu’en est-il dans notre pays où les défis environnementaux sont nombreux et souvent négligés. Et pourtant faut-il le dire et le souligner avec force l’Algérie dispose d’un arsenal juridique et réglementaire  impressionnant et nous citerons quelques uns de portée nationale à savoir la loi sur la protection de l’environnement ,la loi sur la protection des forêts, la loi sur les parcs nationaux et toutes complétées par un grand nombre de décrets d’application et non des moindres. L’Algérie est également signataire de plusieurs conventions et traités internationaux sur l’environnement ( changements climatiques, couche d’ozone, convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, la convention de Ramsar sur les espaces protégés, convention sur la biodiversité…et bien d’autres…).

« Nous n’avons qu’une seule Algérie protégeons la »

Alors dirons-nous que notre pays protège efficacement notre environnement y compris la santé des populations. Il est malheureusement permis d’en douter car l’application de ces textes sont loin d’être effective et les moyens mis en œuvre sont dérisoires.Il est vrai que si l’on s’en tient aux déclarations de nos officiels ,aux rapports remis annuellement aux instances internationales toutes les mesures sont prises et des chiffres éloquents sont publiés, sauf que malheureusement dans la réalité des faits les atteintes parfois graves à notre environnement sont légion que ce soit les pollutions et nuisances de nos milieux récepteurs posant des problemes serieux à la sante des populations, la désertification galopante, l’appauvrissement de notre biodiversité, la surexploitation des nappes phréatiques accentuant le stress hydrique et ce ne sont pas les quelques stations de dessalement inaugurées ici et là qui vont être une solution miracle car malheureusement l’on continue de gérer nos ressources hydriques par à coups et non le résultat d’une véritable stratégie nationale. Nos parcs nationaux véritables poumons du pays résistent tant bien que mal aux convoitises de promoteurs immobiliers, de travaux publics er autres tentatives de les morceler et ce malgré une loi sur les parcs nationaux qui est censée les protéger.

En parlant de lois il est regrettable de constater que c’est le pouvoir lui-même qui les bafoue et le meilleur exemple étant le projet de loi sur les mines qui propose tout simplement de supprimer l’étude d’impact sur l’environnement pour la remplacer par une simple notice à soumettre à un wali en contradiction avec la loi sur l’environnement et son décret d’application sur les études d’impact exigeant un accord du Ministre en charge de l’environnement. Une entorse grave qui va dégrader durablement tous les écosystèmes abritant des mines et impacter la santé des populations.Pour exemple la mine de Zinc et de plomb deTala Hamza qui semble-t-il va bientôt entrer en phase d’exploitation a reçu le feu vert des autorités en l’absence d’une étude d’impact exhaustive  sur l’environnement et il est à craindre que cette belle vallée de la Soummam qui abrite une riche biodiversité et le plus grand aquifere du nord du pays soit perdue pour des générations par des pollutions et nuisances graves et poser des risques sanitaires à long terme sur les populations environnantes.Pire encore les autorités font fi du classement de cette vallée comme aire protégée par la Convention de Ramsar que l’Algérie a ratifiée.

Qu’en sera-t-il de tous ces sites où les mines seront bradées à des multinationales voraces. Les terres sahariennes semblent aussi destinées à être cédées à de grands groupes étrangers avec à la clé l’exploitation de la nappe albienne véritable trésor hydrique national à préserver et qui devrait faire l’objet d’une exploitation rationnelle et réfléchie et l’ouvrir aux appétits étrangers pour des retombées financières immédiates est tout sauf acceptable.Le danger étant une surexploitation de cette nappe pour des rendements exceptionnels sur une courte période ne dépassant guère la dizaine d’années à la suite desquelles une remontée des sels inexorable stérilisera les sols pour des générations à venir.L’exploitation annoncée du gaz de shiste va également provoquer des pollutions chimiques graves de l’albien dues à la méthode de fracuration hydrique (tres gourmande en eau ) décriée dans le monde ainsi que la remontée des sels irrémédiable.

Notre association tient à alerter sur cette absence de gestion de notre patrimoine naturel et de nos ressources naturelles car hypothéquant l’avenir de nos générations futures.