SOS Torture

Le retour de certains officiers supérieurs de la police politique de la décennie noire, comme les sinistres généraux Djebar M’henna, Abdelaziz Medjahed, Abdelkader Haddad, etc., connus pour leur implication dans des massacres de civils et de crimes contre l’humanité aux postes de responsabilité au sein des services de « sécurité » a malheureusement inauguré le retour des pratiques de la torture contre les militants pacifiques et pro-démocratie du Hirak.

Face à cette recrudescence de la pratique de la torture, attestée par des témoignages de victimes, nous nous mobilisons, algériennes et algériens de la société civile, individuellement et collectivement, pour alerter l’opinion publique de cette dérive et nous souhaitons que le Comité contre la Torture du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme examine le cas de l’Algérie. En effet, l’état algérien est signataire, depuis 1989, de la « convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants » qui stipule dans son article 2 :

Article 2

  1. Tout Etat partie prend des mesures législatives, administratives, judiciaires et autres mesures efficaces pour empêcher que des actes de torture soient commis dans tout territoire sous sa juridiction.
  2. Aucune circonstance exceptionnelle, quelle qu’elle soit, qu’il s’agisse de l’état de guerre ou de menace de guerre, d’instabilité politique intérieure ou de tout autre état d’exception, ne peut être invoquée pour justifier la torture.
  3. L’ordre d’un supérieur ou d’une autorité publique ne peut être invoqué pour justifier la torture.

Le comité contre la torture est chargé de surveiller l’application de ladite convention par ses États parties. A cet effet, il examine périodiquement ces derniers. Le dernier examen de l’Algérie remonte au mois de mai 2008, presque 15 ans !

Nous nous mobilisons donc afin d’alerter le Comité contre la torture des exactions et des actes de torture commis par les « services de sécurité », sous couvert des autorités politiques algériennes, contre les opposants pacifiques pro-démocratie du Hirak.

Nous mettons à la disposition de toute personne, collectif ou association de la société civile un modèle de lettre (adaptable bien entendu) afin de la signer et de l’envoyer au Comité contre la Torture du Haut-Commissariat aux droits de l’homme à l’adresse suivante :

Adresse postale

Bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme
Palais des Nations
CH-1211 Genève 10, Suisse

الرسالة بالعربية

بالنسبة للإخوة والأخوات الموجودين في الجزائر تستطيعون إمضاء الرسالة كأفراد أوجِمعيات (المفوضية السامية لحقوق الانسان تضمن سرية المراسلات) وإرسالها عبر الإيمايل إلى العنوان التالي

 ohchr-cat@un.org

نداء استغاثة عن التعذيب في الجزائر

رسالة مفتوحة إلى لجنة مناهضة التعذيب لدى الأمم المتحدة

إعادة تقييم جديد للحالة الجزائرية

شهدت الجزائر في فبراير 2019، انتفاضة شعبية سلمية غير مسبوقة في تاريخها، أطلق عليها اسم « الحراك » وكان ذلك عقب مشروع إعلان ولاية خامسة للرئيس بوتفليقة بتأييد من الجيش.  حيث تظاهر ملايين الجزائريين في جميع أنحاء البلاد بشكل سلمي من أجل كرامتهم ومن أجل إقامة دولة ديمقراطية تحترم سيادة القانون.

ردّاً على ذلك، قامت السلطات هناك، بقمع شرس للمتظاهرين السلميين، لدرجة أن مفوضة الأمم المتحدة السامية لحقوق الإنسان، السيدة ميشيل باشليت ، عبرت خلال الدورة التاسعة والأربعين لمجلس حقوق الإنسان التابع للأمم المتحدة ، عن قلقها إزاء انتهاكات الحقوق الأساسية في الجزائر قائلة : « في الجزائر ، أشعر بالقلق إزاء زيادة القيود على الحريات الأساسية ، ولا سيما زيادة عمليات توقيف واحتجاز المدافعين عن حقوق الإنسان والمدنيين والمعارضين السياسيين ».

بالإضافة إلى ذلك، واستغلالًا لوباء كوفيد 19 ، سن النظام قوانين تقوض الحريات ، لا سيما المادة 87 مكرر ، التي تجرم جميع أنشطة المجتمع المدني من خلال تصنيفها على أنها « أعمال إرهابية ». نتيجة لذلك: تم اصدار أكثر من 9800 متابعة قضائية و زجٌ أكثر من 300 مناضل سلمي لازالوا يقبعون حاليًا في السجون.

شملت موجة القمع هذه، جميع شرائح المجتمع: الأطفال القُصّر، ذووا الاحتياجات الخاصة، كبار السّن، النساء، إلخ. تزامنت مع أعمال تعذيب للكثير من الحراكيين، بدليل الشهادات العديدة التي أدلى بها سجناء الرأي أثناء محاكماتهم [1].

إن عودة بعض كبار الضباط القدامى لدى الشرطة السياسية والمعروفين خلال التسعينيات بأعمال إرهاب وجرائم ضد الإنساني إلى قيادة الأجهزة الأمنية، زاد من حدّة القمع ضد شرائح واسعة من المجتمع المدني.

حيث أشار مكتب حقوق الإنسان التابع للأمم المتحدة إلى أنه: « في مواجهة هذا الوضع، يدعو مكتب حقوق الإنسان التابع للأمم المتحدة إلى إجراء تحقيقات  » فورِيّة ونزيهة وصارمة  » في مزاعم التعذيب وسوء المعاملة أثناء الاحتجاز. كما يطالب الجزائر بإلغاء النصوص التي تستخدم لمقاضاة الأشخاص الذين يعبرون عن آرائهم فقط ويمارسون حقهم في التجمع السلمي. »[2]

نحن جزائريو الدّاخل و الشتات، نعبر عن قلقنا، بل من خوفنا البالغ من عودة الممارسات القمعية و التعذيب وسوء المعاملة التي شاهدناها في الماضي القريب (مأساة التسعينيات، أحداث القبائل في عام 2001 ، إلخ.).

لذا نطلب من لجنة مناهضة التعذيب أن تعيد تقييما جديدا لحالة الجزائر، حيث أن آخر استعراض لِلّجنة المذكورة يعود إلى 2 مايو 2008 أي قبل نحو 15 سنة.

كما نشير إلى أنه بالرغم من مصادقة الجزائر على الاتفاقيات الدولية الرئيسية الخاصة بالعهد الدولي الخاص بالحقوق المدنية والسياسية وكذا اتفاقية مناهضة التعذيب في عام 1989، إلّا أن السلطات الجزائرية مازلت مصرّة حتى الآن على عدم تنفيذ جُلّ التوصيات التي قدمها الخبراء للقضاء على ممارسة التعذيب.

أملنا أن يضع هذا التقييم الجديد حداً لممارسات التعذيب وخاصة بأن يطمئن جموع الموطنين أنه لا يمكن الإفلات من العقاب لممارسات بعض الجلادين.

الموقعون

[1] https://democraticalgeria.org/?page_id=242

[2] https://news.un.org/fr/story/2021/03/1090972

Lettre en Français

SOS Torture en Algérie

Lettre ouverte au Comité contre la torture de l’ONU 

Examen de l’Algérie

En février 2019, l’Algérie a connu un soulèvement populaire pacifique, nommé le « Hirak », sans précédent dans son histoire à la suite du projet de l’annonce d’un cinquième mandat du président Bouteflika avalisé par l’armée. Des millions d’Algériens, à travers tout le pays, ont manifesté pacifiquement pour leur dignité et pour l’établissement d’un état démocratique et de droit. En réaction, les autorités ont répondu par une répression féroce, à tel point que la haute commissaire aux droits de l’Homme des Nations unies, MmeMichelle Bachelet, a exprimé, lors de la 49e session du conseil des droits humains de l’ONU, sa préoccupation quant aux violations des droits fondamentaux en Algérie : « En Algérie, je suis préoccupée par une augmentation des restrictions sur les libertés fondamentales, notamment une augmentation des arrestations et des détentions des défenseurs des droits de l’Homme, des membres de la société civile et des opposants politiques ».

En outre, profitant de la pandémie de la Covid-19, le régime promulgua des lois liberticides, notamment l’article 87 bis, qui criminalisent toutes activités de la société civile en les qualifiant « d’actes terroristes ». Par conséquent, plus de 9800 interpellations par la justice et plus de 300 détenus d’opinion qui croupissent actuellement dans les prisons. Cette vague de répression a touché toutes les franges de la population : enfants mineurs, handicapés, personnes âgées, femmes, etc. Elle s’est aussi accompagnée d’actes de torture comme en témoignent les nombreuses déclarations des détenus d’opinion lors de leurs procès [1].

Le retour de certains officiers supérieurs de la police politique, connus durant les années 90 pour des actes de terreur et de crimes contre l’humanité, à des postes clés dans la hiérarchie des services de sécurité, a encore accentué cette dérive du régime et a montré une volonté délibérée pour une politique répressive de toute la société algérienne. Le bureau des droits de l’Homme de l’ONU a ainsi noté : « Face à cette situation, le Bureau des droits de l’homme de l’ONU réclame des enquêtes « rapides, impartiales et rigoureuses » sur les allégations de torture et de mauvais traitements en détention. Il demande aussi à Alger d’abroger les textes qui sont utilisés pour poursuivre des personnes qui ne font qu’exprimer leur opinion et exercent leur droit de réunion pacifique. » [2]

Nous, algériennes et algériens de l’intérieur du pays et de la diaspora, exprimons notre crainte du retour des pratiques de la torture et des mauvais traitements comme ce fut le cas par le passé (tragédie des années 90, les évènements de Kabylie en 2001, etc.). Nous souhaitons demander respectueusement au comité contre la torture d’examiner le cas de l’Algérie, car le dernier examen du dit comité remonte au 2 mai 2008, presque 15 ans.

Nous soulignons également qu’en dépit de la ratification par l’Algérie des principales conventions internationales du Pacte international relatif aux droits civils et politiques et de la convention contre la torture en 1989, les autorités algériennes refusent à ce jour de mettre en œuvre les Constatations du Comité. Toutes les recommandations formulées par les experts n’ont jamais été mises en œuvre totalement pour éradiquer la pratique de la torture.

Notre espoir est que cet examen puisse faire cesser les pratiques de la torture et surtout le sentiment d’impunité de certains tortionnaires.

Signataires

<collectif> ou <nom, prénom et fonction>

[1] https://democraticalgeria.org/?page_id=242

[2] https://news.un.org/fr/story/2021/03/1090972

English letter

SOS Torture in Algeria

Open letter to the UN Committee against Torture

Algeria in Review

In February 2019, Algeria experienced an unprecedented peaceful popular uprising, called « Hirak », following the army-endorsed announcement of president Bouteflika’s fifth term. Millions of Algerians, throughout the country, demonstrated peacefully to demand the establishment of a democratic state ruled by law. The authorities responded with a severe and unjustified crackdown. The United Nations High Commissioner for Human Rights, Ms. Michelle Bachelet, expressed, during the 49th session of the UN Human Rights Council, her concern about the violations of fundamental rights in Algeria: “In Algeria, I am concerned by the increase in restrictions on fundamental freedoms, in particular an increase in the arrests and detentions of human rights defenders, members of civil society and political opponents ”.

On top of this, the regime exploited the Covid-19 pandemic to enact liberticidal laws, in particular by amending article 87 bis of the penal code which now considers as acts of terrorism all the peaceful activities of human rights defenders, journalists and political activists. Consequently, we now have more than 9,800 arrests by the courts and more than 300 prisoners of conscience who are languishing in prisons. This wave of repression has affected people from all walks of life: minors, disabled children, the elderly, women, you name it. It has also been accompanied by acts of torture, as evidenced by the numerous statements made by prisoners of conscience during their trials [1].

The reinstatement to key positions in the hierarchy of the security services of certain senior officers of the military police who were active during the black decade of the 1990s and who are known for their responsibility in the crimes of torture, summary executions and enforced disappearances, has further accentuated this drift of the regime, and has shown a deliberate will for a policy of generalized repression. The UN Human Rights Office noted:  » Faced with this situation, the UN Human Rights Office calls for ‘prompt, impartial and rigorous’ investigations into the allegations of torture and ill-treatment in detention. It also asks Algiers to repeal the texts that are used to prosecute people who only express their opinion and exercise their right to peaceful assembly.[2].

We, Algerians from inside the country and from the diaspora, express our fear of the return of the practices of the recent past and dread yet another tragedy like that of the 90s or the events in Kabylia in 2001. We wish to respectfully request the Committee Against Torture to examine the situation of Algeria. The last examination of this committee dates back to May 2, 2008, almost 15 years ago.

We’d also point out that despite Algeria’s ratification of the International Covenant on Civil and Political Rights and the Convention against Torture in 1989, the Algerian authorities have so far refused to implement the Committee’s recommendations. None of the recommendations made by the experts have ever been implemented to address serious violations of human rights and in particular the systemic practice of torture.

Our hope is that this examination would put an end to the practices of torture and end the sense of impunity of the torturers.

Signatories

[1] https://democraticalgeria.org/?page_id=242

[2]https://news.un.org/fr/story/2021/03/1090972